Joey Coulon : Des mots pour soigner les maux !

Publié le par tom.deligny

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A dix-sept ans, Joey Coulon publie son premier livre « Permis de rêver », un témoignage sur l’univers du football et le centre de formation de Tours. Eloigné des terrains pour une maladie de croissance au genou gauche, l’adolescent a été obligé de mettre sa carrière de footballeur de côté. Une parenthèse qui lui a permis de transformer l’essai. Portrait de ce jeune optimiste.

 

Le diagnostic est tombé. Comme le coup de sifflet final de l’arbitre à l’issue des prolongations. Lésion Ostéochondrite du genou gauche. L’adolescent, qui avait depuis longtemps ressenti cette gêne, n’a ce soir-là pas pu s’entraîner « tellement la douleur était forte ». Le médecin du centre de formation du Tours FC lui annonce la mauvaise nouvelle ; le jeune homme devra observer une longue pause dans sa carrière naissante de footballeur. Ou bien c’est l’opération avec l’insertion d’une vis dans le membre inférieur, « un handicap certain à cet âge », préviennent les docteurs. Le choix est vite fait. 

Depuis, Joey attend tous les six mois les résultats de ses arthroscanners avec impatience. « Ca va mieux comparé à il y a quelque temps, concède-t-il, mais je ressens encore quelque chose sur un mouvement. » Ni course, ni natation, ni vélo, juste un renforcement musculaire du haut du corps ; difficile de se préparer à être un athlète professionnel dans ces conditions.

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Contraint au repos forcé, le tourangeau, qui travaillait sur un projet de livre depuis quelques temps, se jette à corps perdu dans la rédaction de sa biographie, « remplace les entraînements de foot par des moments d’écriture ». Joey a trouvé un (autre) but, un vrai message à faire passer : « dire à tous les jeunes qui commencent le foot que c’est un monde très dur, que tout n’est pas rose et que sur beaucoup d’appelés, il y a peu d’élus. »

Au fil des pages de « Permis de rêver », l’adolescent extériorise ses pensées et se « libère de toute cette haine et de cette déception » qu’il a accumulées. Il y égratigne un peu le monde du football. L’envers du décor d’abord : « Les parents qui se rapprochent de l’entraîneur alors qu’on est encore petit, l’ambiance entre les joueurs où c’est chacun pour soi même si l’on forme une équipe, ou les relations avec les entraîneurs ». L’enfer des dimanches ensuite : « Les gens ont une image du footballeur assez restreinte, ils voient les professionnels à la télévision qui gagnent beaucoup d’argent mais ils ne se rendent pas compte de tout le travail et de tous les sacrifices avant d’y arriver, les privations alimentaires, l’absence de sorties ; les p’tites copines, ça passe après ! »

Pourtant, malgré d’autres déboires, Joey n’a qu’une envie : retourner le plus vite possible dans cette deuxième famille, dans ce monde qui lui a tout apporté. « Cela reste un moment inoubliable, unique. Je ne le conseille pas à tous les footballeurs car tout le monde ne pourra pas y aller ». Et encore moins en sortir : 12 à 14% seulement des jeunes de 15 ans en formation deviennent professionnels ! Mais l’ancien membre prévient : « On ne nous a pas fait plus de promesses que cela quand on est entré au centre de formation ! », se rappelant au passage le discours dur mais juste des dirigeants à son arrivée : « C’est à vous de gagner votre place chaque jour car peut-être que l’année prochaine vous n’y serez peut-être plus ».

Respect, solidarité, confiance en soi, contrôle de soi, courage : Joey garde en lui des valeurs que le sport lui a apportées et qui lui ont servi à s’épancher, comme lorsqu’il affronte une nouvelle fois, dans son livre, le divorce de ses parents ou la mort de son oncle. Une difficulté supplémentaire car « lorsque l’on parle de l’intime,il faut savoir garder une certaine distance ». Le néo-écrivain trouve en ses proches un appui nécessaire : sa mère l’aide toujours, par ses relectures et ses corrections même si son père « n’a lu que les grandes lignes sans être allé au fond, peut-être parce qu’il a peur d’être touché par ce qu’il y a à l’intérieur ».

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Si les pros ne viennent pas le voir, Peter Zeidler, l’entraîneur de l’équipe, n’hésite pas à féliciter l’espoir du club après qu’il a lu son premier essai. Il en devient même le parrain lorsque celui-ci est auto-édité. Devant ce succès à l’échelle locale, Joey assure la promotion de son livre sur les réseaux sociaux. Il poursuit son initiative et son culot paye. Sur le plateau de Cfoot, il laisse un exemplaire pour Grégory Coupet afin que ce dernier préface son livre à l’échelon national. L’ancien gardien, touché par l’histoire, n’a pas besoin d’autres arguments pour apporter sa pierre à l’édifice.

Entre les séances de dédicaces, la promotion de son premier roman au côté de son nouveau parrain, Joey n’oublie pas l’important. « Même si je suis en attente, mon avenir est désormais basé sur les cours et le bac à la fin de l’année », avec en ligne de mire, l’IUT de Tours, où il aimerait y apprendre les bases du journalisme. Et toujours avec dans un coin de sa tête « l’espoir de pouvoir rejouer et même d’y arriver. J’y crois toujours : des joueurs y sont bien arrivés tard ! » Le titre de son livre est là pour le lui rappeler : il est toujours permis de rêver.

 

Article publié le 6 avril 2012 sur le site de Foot-express.com

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Publié dans Portraits

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