Entraîneur, ça lui va comme un gant !

Publié le par tom.deligny

DN Alsace Laurent RéaStéphane Cassard à Strasbourg (DNA, © Laurent Réa)

 

 

Arrivé comme doublure cette saison du côté de Boulogne, Stéphane Cassard a commencé depuis trois semaines sa reconversion comme entraîneur des gardiens de l’USBCO. Une nouvelle carrière naturelle pour le portier de 38 ans qui a envie de faire partager sa passion et sa riche expérience.

 

 

Pour le dernier match de Boulogne en ligue 2 contre Clermont, Stéphane Cassard aurait pu enfiler les gants et faire une dernière sortie : « J’y ai pensé un peu mais finir sur un match mitigé, cela aurait été dommage ! » Doublure de Florian Bague toute la saison, il n’a disputé que les quatre matches de coupes. Même s’il se sent « toujours bien physiquement », l’utilité d’un tel match restait donc une interrogation. Venu dans le nord « pour amener mon expérience et continuer à prendre du plaisir, non pour bousculer la hiérarchie », le portier s’est vu offrir un poste au sein de l’effectif boulonnais suite au départ de Mickaël Boully. « Je n’avais forcément prévu d’entraîner tout de suite mais l’opportunité s’est présentée, j’ai toujours eu envie de faire ça donc c’est venu naturellement. Même s’il va falloir apprendre vite ! » Une promesse d’embauche l’attend après deux ans de formation. Pour obtenir le diplôme convoité, « le vécu sur les terrains et l’expérience priment beaucoup sur le reste. »

 

Et de l’expérience, Stéphane Cassard en a glané en plus de 520 matches toutes compétitions confondues. Montbéliardais d’origine, il est très fier d’avoir été moulé jusqu’à ses 24 ans par Jacky Nardin, figure emblématique du FC Sochaux : « C’est lui qui m’a formé de A à Z, qui m’a transmis cette passion et cette force mentale pour m’accrocher dans les moments difficiles ». « Etre lancé au plus haut niveau par le club qui vous a formé, c’est aussi ce qui peut vous arriver de mieux », affirme-t-il en évoquant ses débuts à Lens en 1993, lors de l’unique match de sa première saison. Sa carrière « est vraiment lancée » l’année suivante au cours de laquelle il se fait très vite remarquer.

 

Trouver la force mentale pour rebondir

 

Il découvre alors au Havre « un club familial » et relève un challenge : succéder à Christophe Revault. Absent pendant quatre mois pour soigner une hernie discale, Stéphane Cassard retrouve sa place de titulaire sur le terrain et flambe lors de sa deuxième saison au HAC. Jean-Louis Nicollin, le président de Montpellier, lui propose un nouveau défi dans « un club plus ambitieux » « Si je devais revenir en arrière, je prendrais un peu plus de recul avant d’aller dans le sud », explique le franc-comtois. L’expérience sudiste reste mitigée même s’il « ne la considère pas comme un échec », avec un succès en Intertoto, une participation en coupe de l’UEFA et une demi-finale de coupe de la ligue.

 

Alain Afflelou, qui gardait un œil sur lui depuis ses premières prestations dans le Doubs, le fait ensuite venir à Créteil où le portier « trouve la force mentale pour rebondir. C’était une super année mais le club manquait de structures pour espérer monter. » De retour à Montpellier, il s’entraîne à l’écart du groupe pro. Cette fois, c’est Alain Perrin qui lui propose de rebondir à Troyes en étant la doublure de Tony Heurtebis. « Pas facile d’évoluer » dans l’ombre de ce gardien « très apprécié par le public ». Stéphane Cassard « prend son mal en patience » mais au moment où il pourrait devenir titulaire, il décide de signer en Ligue 1 à Strasbourg.


Cassard USBCOPhoto de présentation sur le site du club (© USBCO)

 

 

 

Se donner les moyens de faire une longue carrière

 

En concurrence avec Rémy Vercoutre, alors prêté par l’OL et qui se blesse rapidement, il se trouve propulsé numéro 1. « J’ai passé six ans dans un contexte très compliqué où il y a eu beaucoup de changements d’entraîneurs, de présidents, de mouvements en coulisses, mais avec un public énorme et un très beau stade. » Même s’il entame son aventure sous les ordres d’Antoine Kambouaré, il est surtout marqué par Jean-Marc Furlan, « un passionné toujours en recherches » et Jacky Duguépéroux « capable de motiver un groupe comme personne ». Il comptabilise 213 matches sous les couleurs alsaciennes, connaît la joie d’un titre en Coupe de la Ligue en 2005 et la tristesse de deux descentes, en Ligue 2 et en National. Il y aura également récolté l’unique carton rouge de sa carrière : une preuve de son excellente lecture du jeu.

 

Au crépuscule de sa carrière de joueur et de ses 18 saisons au plus haut niveau, Stéphane Cassard ne retient que l’essentiel : « Je me suis donné les moyens pour vivre dans les meilleures conditions possibles ma passion et faire une longue et belle carrière. » En s’adaptant d’abord aux évolutions du métier : « Si je n’avais pas réussi, je ne serais pas resté à ce niveau. Le gardien utilise beaucoup plus ses pieds qu’avant. Les meilleurs exemples sont Valdes, premier relanceur de Barcelone, ou Van Der Sar. Les trajectoires aériennes des ballons ont également changé. Enfin médiatiquement, le poste de gardien est beaucoup plus exposé. Il n’y a pas de grande équipe sans grand gardien et on a la chance d’en avoir beaucoup en France. »

 

En sachant ensuite tirer le meilleur de toutes ses rencontres : « Le courant est toujours bien passé avec les entraîneurs de gardiens. On a des rapports plus proches qu’avec le coach. » Nicolas Dehon au Havre, Philippe Sence à Strasbourg lui auront fourni toutes les ficelles pour devenir à son tour un bon formateur. Il a d’ailleurs « de très bonnes relations » avec Florian Bague et espère beaucoup de Régis Gurtner, la première recrue de l’USBCO. Il l’a côtoyé pendant 5 ans à Strasbourg et a conseillé aux dirigeants boulonnais de l’enrôler. Stéphane Cassard espère les faire progresser afin de pouvoir leur dire ce qu’un ancien coach lui avait fait remarquer plus jeune : « Ton point fort, c’est que tu n’as pas de points faibles ! »

 

 

Thomas Deligny 

Publié dans Portraits

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