“Papy” Rivière fait de la résistance !

Publié le par tom.deligny

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Jean-François Rivière apporte son expérience à Clermont (© B. Cherasse/Club de Clermont-Foot)

 

Arrivé cet été au Clermont Foot, Jean-François Rivière est actuellement co-meilleur buteur de Ligue 2 avec 5 buts… à 35 ans ! Entretien fleuve avec cet attaquant atypique qui entame sa 15ème saison en Ligue 2.

 

Vous êtes pour l’instant le meilleur buteur du club (5 buts dont un doublé), vous vous êtes fixé un objectif précis pour la saison ?

Aucun, si ce n’est de donner le meilleur de moi à chaque match : le plus important, c’est que le collectif gagne. Après savoir qui marque, on s’en fiche bien évidemment. Mes stats… si l’équipe marche, c’est que je fais ce qu’il faut !

L’attaque a été en bonne partie remaniée avec les départs de Nicolas Haquin et Sloan Privat. Comment travaille-t-on dans ces cas là pour faire progresser ce secteur ? Sur quels points insiste-t-on à l’entraînement ?

Chaque joueur est différent. Quand on recrute un joueur on fait en fonction de ses qualités, je suis Jean-François Rivière, je ne vais pas devenir Zinedine Zidane demain : on ne transforme pas un joueur, on peut l’aider à continuer de progresser techniquement et à être plus performant devant le but pour un attaquant mais on ne le transforme pas. Le travail est le même pour tout le monde, certains ont plus de facilités dans certains domaines. Après collectivement, on travaille ensemble sur de petits ou de grands jeux. Les automatismes viennent à force de jouer ensemble, de faire des enchaînements à l’entraînement en essayant de les faire en match. 

Comment expliquez-vous votre intégration si rapide en Auvergne ?

A part Damien Perrinelle que j’avais cotoyé à Amiens alors qu’il était junior, je ne connaissais personne en arrivant ici. Mais bon maintenant on va dire que je suis habitué à bouger vu que j’ai fait pas mal de clubs : c’est donc un peu plus facile pour moi. Il faut faire en sorte de se fondre dans le collectif le plus rapidement possible. Maintenant la chance que j’ai, c’est qu’il y a un collectif très bon sur Clermont avec de bons mecs et cela a été très facile de s’intégrer.

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans le discours des dirigeants pour vous faire venir ?

Le fait que Clermont restait sur deux bonnes saisons avec Michel Der Zakarian comme entraîneur. C’est un club sain dans lequel on peut travailler sereinement avec de bons jeunes joueurs qui ont plein de choses à démontrer. Je suis venu en pensant pouvoir les aider à grandir de par mon expérience, au moins sur le mental. Cet ensemble de choses a fait que je me suis orienté vers Clermont.

Vous avez connu 7 clubs différents à ce niveau en 15 saisons (Laval, Amiens, Besançon, Niort, Angers, Ajaccio, Clermont). Quel est le stade de ligue 2 dans lequel vous préférez évoluer ?

Certaines personnes pensent que lorsque l’on marque dans un endroit, on va obligatoirement remarquer ou d’autres trucs comme ça. Il y a des stades dans lesquels on se plait parce que le cadre est magnifique mais je n’ai pas de stade favori. De plus, chaque match est différent. Cela dépend avec quelle équipe tu y vas et à quel moment tu y vas. Je me souviens d’être allé à St-Etienne avec Besançon pour la montée, c’était extraordinaire avec une ambiance de folie. J’y étais allé avant avec Laval, à une autre période de la saison, et cela n’avait rien à voir. A Lens, j’ai fait un quart de coupe de France magnifique et un match de championnat avec une atmosphère totalement différente. Il y a plein de facteurs qui entrent en compte.  

Trouvez-vous que le niveau de la ligue 2 a progressé ces dernières années ?

Il y a de plus en plus de joueurs de ligue 1 qui viennent parce qu’il y a un énorme turn-over. La durée d’une carrière est moins importante qu’il y a quelques années à cause peut-être d’un manque de rigueur dans le travail de la part des joueurs ou d’une volonté de faire monter les jeunes trop rapidement chez les dirigeants. On s’aperçoit par la suite qu’on a fait une erreur. Plein de choses font que de très bons joueurs de ligue 1 sont obligés de redescendre et évoluer en Ligue 2, ce qui fait qu’il y a de la qualité à ce niveau. Je ne sais pas si le fait que d’anciens pensionnaires de l’Elite comme Monaco, Lens… soient là, augmente le niveau. Je ne me suis jamais posé la question. Je profite de ce niveau sans en faire l’analyse.

 

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Jean-François Rivière à l'attaque contre Tours, 8ème journée (© B. Cherasse/Club de Clermont-Foot)

 

L’an passé, l’accession s’était jouée dans les deux-trois dernières journées. Qu’en sera-t-il cette année ?

Je n’en ai aucune idée. D’autant que les grosses cylindrés ne sont pas au rendez-vous pour le moment, à part Lens qui repointe le bout de son nez. Je ne sais pas si cela va se passer comme l’année dernière ou si, comme je le pense, les équipes qui en voudront le plus seront en haut. Il ne faut pas se le cacher, l’année dernière Evian-TG, Dijon et Ajaccio ont mérité leur accession car elles en voulaient le plus, même sans être les meilleures. J’ai tendance à dire que sur plusieurs années les grosses cylindrés qui ont eu une énorme envie sont montées. Je n’ai pas l’impression que cette année, elles en aient envie. Mais peut-être que je me trompe… Des équipes comme Le Mans, Monaco ou Lens ont déjà pris pas mal de retard. Il faudrait qu’ils réalisent une grosse série. Metz, Bastia, Sedan, Le Havre sont au rendez-vous. Reims, Clermont et Tours ne sont pas des équipes attendues. Une saison est longue et il faudra réussir à faire une grosse série.

Vous avez aidé Ajaccio à monter. Allez-vous pouvoir faire profiter l’équipe de cette expérience ?

Je ne suis pas là pour raconter mon histoire personnelle en disant : “Ecoutez-moi car j’ai réussi à faire monter une équipe ! ” Je suis là pour le côté psychologique et l’état d’esprit, les aider à grandir dans le bon sens, dans l’abord des matches, de la pression : tout cela dans la durée pour rester dans les trois premières places.

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir pu vivre une expérience en ligue 1 ?

Ca a été un choix de ma part. Ca fait toujours ch… mais c’est un choix fait en mon âme et conscience. Je ne me suis pas entendu avec le club.

Vous n’avez pas eu d’autres contacts avec des clubs de l’élite ?

Non ! non, non… Faut être logique, mon seul moyen de jouer en ligue 1 c’est de monter avec un club. Aucun autre club de ligue 1 va recruter un joueur de 35 ans sauf si c’est un attaquant comme Ibrahimovic qui va mettre un but par match. Il n’y a pas que l’âge, il y aussi les qualités : il faut être rapide, efficace. Moi j’ai l’expérience de la ligue 2, je ne suis pas rapide mais capable de mettre des buts et de jouer 9 et demi. 

Avec les années, quelle est l’erreur que vous ne faîtes plus désormais ?

On est sensé grandir avec les années donc il y a certainement des choses que je fais inconsciemment parce que j’ai dû m’analyser de manière profonde à un moment donné : je dirais aborder les matches plus sereinement. Avant j’avais tendance à me sentir petit quand j’arrivais sur la pelouse ; maintenant ce n’est plus le cas du tout. Je sais désormais ce que je vaux et ce dont je suis capable. Peut-être fais-je des choses plus facilement car j’ai ce vécu et que je me pose moins de questions. Le plus important est de travailler pour ton équipe et pour toi.

Parlez-nous un peu du vestiaire et de l’état d’esprit à Clermont…

Il y a de bons gars qui ont de la qualité technique et physique et c’est bien de travailler avec un groupe dans lequel il n’y a pas de clan, dans lequel tout le monde s’entend bien et où l’on avance ensemble, chacun avec ses qualités, pour le collectif. L’avantage c’est de travailler sans pression également. Les supporters ne sont pas là pour nous mettre la pression à tous les entraînements. Pour avoir connu d’autres clubs, j’ai l’impression qu’il n’y a pas grand monde.

Ca change d’Ajaccio ?

Il ne faut surtout pas se contenter de ce que disent les média. Les supporters ajacciens sont extraordinaires avec leurs joueurs. Ils sont exemplaires car ce sont de vrais supporters dans le sens où si tu mouilles le maillot, ils te seront toujours reconnaissants, même si tu perds. Tant que tu te bouges, tu seras toujours récompensé. Ils sont vraiment derrière les joueurs du club. Je les comprends entièrement car donner tout pour mon club a toujours été mon fer de lance.

Avez-vous eu des moments de doutes dans votre carrière ?

Non car j’ai toujours été exigent envers moi-même. Je peux gagner 3-0 mais si j’ai mal joué je ne suis pas content. Je ne me satisfais pas des résultats. Je sais dire si j’ai fait un bon ou un mauvais match que ce soit dans l’engagement ou techniquement. Je suis forcément un peu en colère en cas de mauvais match, mais je fais en sorte de me remettre au travail.

Concernant la suite de votre carrière, vous y avez déjà un peu pensé ?

J’hésite entre le Real et le Barça mais je crois qu’ils ne veulent pas de moi ! (rires)… Non, je ne sais pas encore. Je suis à Clermont pour trois ans si tout se passe bien. Entraîneur ? Oui mais en pro. Je ne sais pas sinon si j’aurais la patience. Pour l’instant, je ne sais pas si j’ai envie de rester dans le monde du football : j’ai fait différentes choses pour l’après-carrière mais il n’y a rien de figé. J’y travaille…

C’est dur pour le foot de se faire sa place dans cette ville d’ovalie ?

On parle surtout des clubs qui ont déjà joué en Ligue 1 ou qui ont de gros moyens financiers. On doit avoir le troisième plus petit budget de ligue 2 donc forcément, on a moins de spectateurs et d’intérêt pour le foot ici. On pourrait avoir des moyens autres mais aujourd’hui c’est une réalité, on est dans les plus petits budgets. On arrive néanmoins à être en haut du classement, ça veut dire que l’on peut faire de grandes choses avec peu de moyens. C’est surtout l’état d’esprit qui compte : se mettre minable à chaque match pendant toute une saison, sans se satisfaire du minimum. Sur toute une carrière, c’est encore plus compliqué.

Que peut-on vous souhaiter ?

Qu’on reste le plus longtemps en haut du classemement pour embêter les grosses cylindrés et faire parler de Clermont Foot. On parle beaucoup de l’ASM et c’est normal mais il faudrait aussi que l’on parle de Clermont Foot car c’est une équipe qui peut être sympathique et en mettant le bleu de chauffe chaque week-end, on peut finir dans le premier tiers et embêter les plus grandes équipes.

 

Article publié le 26-09-2011 sur le site de Foot-express.com

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Publié dans Interviews

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